Cette semaine, RevolutionR vous invite à parcourir des idées de reportages dédiés au Tourisme de Mémoire.
De Lens-Liévin à l’Argonne Ardennaise, en passant par la Manche, le Médoc Atlantique, les Hauts-de-France et le Vercors, découvrez des lieux chargés d’histoire. Que ce soit pour une balade en famille, pour approfondir ses connaissances ou pour assister à des célébrations marquantes, cette sélection promet d’émouvoir et d’enrichir la compréhension des grandes étapes historiques.
L’Agence RevolutionR se tient à disposition pour répondre à vos besoins éditoriaux et simplifier l’organisation de vos reportages.
Un jeune couple passionné reprend un musée
Le World War II Museum de Quinéville, dans la Manche, a récemment changé de propriétaire suite au départ à la retraite de Jean-François et Nicole Herry. Les nouveaux propriétaires, Océane Cholet et Timothé Van Kalck, deux passionnés d’histoire âgés de 27 ans, ont traversé la France pour prendre la relève de ce musée. Timothé Van Kalck, auparavant cadre dans une entreprise d’outillage à Épernay, a été inspiré par ses arrière-grands-pères combattants de la Seconde Guerre mondiale et a commencé à collectionner des objets historiques, y compris une voiture Adler Trumpf Junior 1936 qu’il a restaurée. Océane Cholet apporte son expérience de guide conférencière. Le couple prévoit de réorganiser le musée en l’agrandissant pour améliorer l’immersion des visiteurs. Ils prévoient également de dédier un espace aux expositions temporaires, la première étant consacrée aux Jeux olympiques de 1936, en lien avec le 80e anniversaire du Débarquement et les Jeux olympiques à venir. Le musée rouvrira ses portes le 1er avril prochain.
Utah Beach
Utah Beach est l’un des sites du débarquement allié en Normandie, lors de la Seconde Guerre mondiale, spécifiquement le 6 juin 1944, un jour communément appelé le Jour J. Située sur la côte nord-ouest de la France, cette plage était la plus occidentale des cinq zones de débarquement, située dans le secteur américain. L’opération à Utah Beach visait à sécuriser la péninsule du Cotentin et, ultimement, le port de Cherbourg, crucial pour les approvisionnements alliés.
Le débarquement à Utah Beach fut remarquablement réussi, en grande partie grâce à l’efficacité des bombardements préalables et à une résistance moins forte que prévue de la part des forces allemandes. En comparaison avec Omaha Beach, les pertes américaines à Utah furent relativement faibles, avec environ 197 morts le premier jour. Cette réussite a été un élément clé dans la libération du nord-ouest de la France et a marqué le début de la fin de l’occupation allemande en Europe. Utah Beach reste aujourd’hui un lieu de mémoire important, doté de musées et de mémoriaux dédiés au courage des soldats alliés et à la libération de la France.
©Philippe Riot
Cette année marque le 80ème anniversaire de la Résistance dans le Vercors, un jalon historique crucial pour la région, puisque ces événements ont marqué le territoire, en laissant une empreinte indélébile sur le paysage et dans les cœurs des habitants. En 1944, des hommes et des femmes ont choisi ces montagnes comme bastion contre l’oppression nazie. Ce choix n’était pas anodin ; ses vastes plateaux isolés et ses reliefs difficiles d’accès en faisaient un lieu idéal pour un tel mouvement de résistance.
Le paysage du Vercors, façonné par les événements de la Seconde Guerre mondiale, reste un témoignage vivant des épreuves endurées. Les visiteurs de la région peuvent découvrir des sites emblématiques où les combats furent les plus intenses et où la résistance s’organisait secrètement. Chaque sentier, chaque village a une histoire à raconter, offrant ainsi une expérience unique pour ceux qui cherchent à comprendre l’impact réel de la guerre sur le territoire.
Stèle commémorative de l’avion
À Grève, du côté d’Autrans, les plus curieux pourront découvrir une épave d’avion. Ce dernier, dans la nuit du 2 février 1944 et en pleine tempête de neige, s’est crashé alors qu’il devait réaliser un ravitaillement (matériels et armes) auprès des maquisards.
Valchevrière
Valchevrière, hameau empreint de silence et de recueillement, est l’un des sites les plus poignants de la Résistance dans le Vercors. Ancien camp des maquisards sous le commandement du lieutenant Chabal et de Jean Prévost, ce lieu fut le théâtre de violents affrontements les 22 et 24 juillet 1944. Les résistants y combattirent avec acharnement pour freiner l’avancée nazie, et nombre d’entre eux y laissèrent leur vie. Après les combats, les maisons furent incendiées, laissant le village dans un état de ruine préservé. Un chemin de croix de 8 kilomètres, ponctué de 14 stations originales, relie Villard-de-Lans à Valchevrière, érigé en hommage par Jacques Douillet. La chapelle du XIXe siècle, unique bâtiment épargné par les flammes, marque la dernière étape de ce parcours commémoratif.
La nécropole de Saint-Nizier-du-Moucherotte
Site national historique construit en 1948, elle se dresse à l’emplacement même des combats de juin 1944. C’est ici, deva,t l’un des plus beaux panoramas des Alpes, que 250 maquisards ont tenu tête aux assauts allemands en juin 1944. On y trouve les tombes de Jean Prévost et de nombreux autres héros du Vercors : Eugène Chavant dit “Clément”, chef civil du maquis, le lieutenant-colonel François Huet dit “Hervieux”, dernier chef militaire du Vercors.
Les sites de mémoire de la Première Guerre mondiale du Front Ouest sont désormais inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour l’office de tourisme de l’agglomération de Lens-Liévin, qui compte 4 sites sur les 14 inscrits dans le Département du Pas-de-Calais dont deux sites majeurs de la Grande Guerre, la Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette et le Mémorial Canadien de Vimy, cette reconnaissance signe l’universalité de l’histoire qui s’est déroulée ici et qui unit une soixantaine de nations.
Avec cette inscription, Lens-Liévin confirme sa vocation de destination mondiale du tourisme de mémoire et devient véritablement une « destination UNESCO », 11 ans après l’inscription du Bassin minier au patrimoine de l’humanité.
L’Anneau de la Mémoire, mémorial international unique, rassemble depuis 2014 les noms de près de 580.000 soldats tombés sur le territoire du Nord Pas-de-Calais entre 1914 et 1918 : fraternité posthume, leurs noms défilent, classés par ordre alphabétique, et pour la première fois, sans distinction de nationalité…
L’Anneau de la mémoire fêtera ses 10 ans cette année en novembre. A cette occasion, de nouveaux noms seront inscrits sur l’anneau à la suite de nouvelles identifications de soldats tombés au front.
Les 15 Jardins de la Paix en Hauts-de-France
Les Jardins de la Paix ont été conçus par des artistes et des paysagistes originaires des nations belligérantes, à l’initiative de la Région et de l’association Art et Jardins Hauts-de-France. Une façon de retisser le lien de mémoire avec une génération qui n’a pas connu la réalité de la guerre en l’inscrivant durablement dans le paysage, les œuvres d’art se mêlant harmonieusement à l’histoire et à l’environnement. Un livre d’histoire ouvert pour les jeunes générations, plus parlant que n’importe quel discours.
15 Jardins de la Paix ont été aménagés en Hauts-de-France, autant de symboles d’optimisme déclinés aux couleurs des pays meurtris, tous unis pour incarner la Paix.
Déployés dans l’Aisne, la Somme, l’Oise, le Nord et le Pas de Calais, ils interrogent sur une Paix sans cesse remise en question ; elle se partage et se magnifie ici grâce à l’interprétation artistique de ces paysagistes contemporains.
Ils délivrent un message international et universel : dans ces Jardins de la Paix, il est possible de retracer le déroulement des événements de la Grande Guerre mieux qu’avec n’importe quel manuel scolaire, mais aussi les lieux qui vous rapprocheront de chacune des 26 nationalités engagées.
Rempart naturel, l’Argonne a occupé durant chaque conflit une position stratégique. Maintes fois conquise et reprise, elle dévoile à travers les vestiges du passé et monuments commémoratifs, les traces de son passé douloureux.
Sur les traces de Roland Garros, pionnier et héros de l’aviation
Roland Garros, célèbre avant la guerre pour ses records d’aviation et la première traversée aérienne de la Méditerranée en 1913, s’engagea volontairement dès 1914. Innovateur, il développa le premier système de tir à travers l’hélice, transformant son avion en chasseur. Après une évasion héroïque de captivité en Allemagne, il retourna au front et tomba en combat aérien le 5 octobre 1918 à Saint-Morel. Une stèle commémorative marque ce lieu et son tombeau, surmonté d’un monument érigé en 1924, se trouve au carré militaire du cimetière de Vouziers.
L’Argonne Ardennaise propose un jeu de piste dédié à cet aviateur, « À la recherche de l’avion de Roland Garros », une aventure familiale qui guide les participants à travers Vouziers pour découvrir les monuments et résoudre des énigmes. Ce jeu de piste, organisé à l’Office de Tourisme de Vouziers, est une excellente manière de combiner divertissement et éducation sur l’histoire locale.
La nécropole de Chestres
Sur le socle, vous pourrez y lire l’inscription “Pavda Vitzei”, signifiant “la vérité vaincra”. Offert par la nation tchécoslovaque, il est l’œuvre de l’architecte tchèque John Zazvorka.
Un peu plus loin, découvrez la Nécropole nationale de Chestres. Située à 114 mètres d’altitude, les lieux offrent un panorama sur la vallée. Le site se divise en deux cimetières distincts : le cimetière allemand d’une part, et la nécropole française, dotés chacun d’une entrée propre.
La nécropole revêt un caractère multinational, puisqu’elle rassemble soldats français, légionnaires tchécoslovaques, militaires et civils russes, soldats déportés belges et aviateurs du Commonwealth.
Les bunkers du mur de l’Atlantique
De Soulac-sur-Mer au Verdon-sur-Mer, la Seconde Guerre mondiale a laissé des traces. Dans la continuité du Mur de l’Atlantique, un ensemble de vestiges construit sous l’occupation allemande résident encore sur le cordon dunaire et le massif forestier. De la côte basque jusqu’à la Norvège, on compte plus de 8000 bunkers de ce qui formait le « mur de l’Atlantique », dont 350 sur la pointe du Médoc. Ces ouvrages de béton, quasi indestructibles, ont été érigés par l’Allemagne nazie pour se protéger d’un débarquement allié durant la Seconde Guerre mondiale. Il avait pour but de bloquer et surveiller l’entrée de l’estuaire de la Gironde.
La batterie côtière des Arros : une visite entre histoire et art
Située à Verdon-sur-Mer, la Batterie des Arros incarne un chapitre poignant de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale sur la côte atlantique française. À l’approche du 80e anniversaire de la libération, ce site historique revêt une importance particulière, rappelant les sombres jours du conflit et la joie de la libération. La batterie des Arros est un maillon de la chaîne du Mur de l’Atlantique, un système de fortifications côtières construit pendant la Seconde Guerre Mondiale. La première ébauche de ce lieu fortifié date de 1938, c’est un ouvrage érigé par la Marine Française. L’armée Allemande va le reprendre et l’étendre en 1943 pour bâtir la forteresse du Nord Médoc, composée de 350 bunkers disposés sur 37 points stratégiques, pour verrouiller les plages et l’estuaire de la Gironde. Aujourd’hui, les visiteurs peuvent encore observer les imposantes constructions en béton, témoins silencieux des années de conflit. Ce site, symbole de résilience et de mémoire, reste un lieu incontournable pour comprendre les impacts durables de la Seconde Guerre mondiale sur les territoires et les communautés.
La poche du Médoc
La poche du Médoc désigne une période meconnue durant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, en 1944-1945, lorsque la pointe du Médoc a été stratégiquement fortifiée par les forces allemandes. Transformant cette région en une véritable citadelle, les Allemands y ont établi plus de 200 blockhaus, déployé 110 canons et semé des dizaines de milliers de mines, formant une défense redoutable contre les avancées alliées. Englobant plusieurs bataillons d’infanterie, cet effort de guerre massif a mobilisé près de 20 000 soldats des deux camps, marquant la bataille la plus significative de l’Aquitaine. Cet épisode, bien que crucial dans le processus de libération du Sud-Ouest de la France, reste largement méconnu, comme le soulignent les travaux récents d’historiens. Ces études mettent en lumière non seulement l’ampleur du dispositif militaire mais aussi l’impact profond de ces affrontements sur la région et ses habitants.
Devoir de mémoire
Enfant du pays, Jean-Paul Lescorce a fait de nombreuses recherches et partage aujourd’hui ses connaissances lors de visites auprès du plus grand nombre.
En 1943, 15 hommes de la marine allemande occupaient alors les lieux. Jean-Paul avait 7 ans alors et son père avait fait partie des hommes réquisitionnés pour bâtir ces bunkers. Il en a aujourd’hui 87 et raconte avec la même passion. Depuis plus de 20 ans, après avoir désensablé plus d’une vingtaine, il réhabilite les casemates pour proposer des visites immersives. En 2021, il a été décoré de l’Ordre du mérite de la République d’Allemagne, pour avoir remis au jour ces vestiges historiques, au prix de longues heures de pelletées et de déblayages de gravats. Il y en aurait, dit-on, encore 200 intacts sur les 350 bunkers de la zone entre Soulac et le Verdon. Ses recherches participent à constituer la plus grande base de données archéologiques sur le mur de l’Atlantique.
